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25 février 2009

Nucléaire: la pub qui fâche

° TéléMoustique n°4335 du 25/02/2009,    Nucléaire: la pub qui fâche

Actu-Société

Pro- et anti-énergie atomique s'affrontent à propos d'une campagne aux intentions et aux commanditaires interpellants.

Impossible de passer à côté. La campagne "pour ou contre l'énergie nucléaire", qui s'est massivement déployée dans tout le pays, a coûté deux millions d'euros. C'est autant que le budget 2008 de la campagne des surgelés McCain Foods ou de celle de Thalys. En février, elle s'est déclinée en un spot télé, sur les principales chaînes du pays, en près de 4.400 affiches et en 89 parutions dans la presse. Sans compter le site www.nuclearforum.be

Débat ou lobby?

Le Forum nucléaire, qui rassemble la plupart des acteurs belges du secteur, insiste sur son objectif de débat et d'information. Mais certains crient à la manipulation. Paul Magnette, ministre de l'Energie, parle même de "propagande". D'ailleurs, en interne, le véritable but de l'opération n'est pas un mystère. Sur une fiche de présentation de la campagne, on peut lire: "Son objectif final est d'influencer le public et les politiciens pour les pousser à repenser l'option nucléaire et à reconsidérer la politique actuelle de suppression progressive."

L'enjeu, il est là: repousser la sortie progressive du nucléaire, votée au Parlement en 2003 et qui prévoit le démantèlement des centrales de Doel et de Tihange entre 2015 et 2025. Ces tentatives d'influence des politiques s'appellent du "lobbying". Le problème? D'une part, la forme de cette campagne peut prêter à confusion quant à son commanditaire. D'autre part, il semble que de l'argent public ait été utilisé.

Financement public

Parmi les membres du Forum nucléaire, on retrouve, à côté d'entreprises privées comme Electrabel, des institutions d'intérêt public, subsidiées par l'Etat belge. Sont concernés: l'Institut national des radioéléments et le Centre d'étude de l'énergie nucléaire. Mais aussi Belgoprocess, filiale à 100 % de l'Organisme national des déchets radioactifs (ONDRAF), censé lancer prochainement une consultation populaire sur la perception du nucléaire, ainsi que Synatom, qui gère les provisions pour... le démantèlement des centrales! Or, l'asbl Forum nucléaire a payé sa coûteuse campagne grâce aux cotisations de ses membres. Et donc, aussi, celles de ces organismes subsidiés. Elles varient de 3.000 à 110.000 €, selon le ministre de l'Energie. Utiliser de l'argent de l'Etat pour faire du lobbying contre une décision prise par l'Etat, c'est gonflé!

Manipulation?

Mis à part cette question de financement, la campagne a choqué par ses questions-slogans qui orienteraient le débat. Deux plaintes ont été déposées auprès du Jury d'éthique publicitaire (JEP). Ce dernier a rendu un avis favorable à la campagne (décision disponible sur www.telemoustique.be). Le JEP explique que "Forum nucléaire" est le nom de l'asbl depuis 1972 et n'a pas été choisi dans l'intention de tromper le public sur la nature de la campagne. Cependant, pour beaucoup, la confusion a bien eu lieu.

Quant à la plainte déposée par l'asbl Respire auprès du ministre de l'Economie, elle a été jugée "insuffisamment fondée" pour entamer une action en cessation. La campagne ne relève en effet pas de la loi sur les pratiques commerciales, parce qu'elle n'est "pas liée directement ou indirectement à la vente d'un produit". Pourtant, l'intérêt des producteurs d'électricité semble évident.

Les citoyens contre-attaquent
Outre les réactions d'ONG environnementales, un étudiant a créé sur Facebook un groupe "Dis non au Forum nucléaire", qui compte déjà plus de 1.700 membres. Et six citoyens ont décidé de lancer www.vraiforumnucleaire.be. Avec ses 86 € de budget, ce petit site qui veut permettre un "vrai débat contradictoire" rejoue David contre Goliath.

Sur la forme, cette campagne a divisé. Sur le fond, il peut sembler étrange qu'une question tranchée par une loi soit remise sur la table. Comment accueillerait-on aujourd'hui une campagne contre l'avortement? Pourtant, à l'heure du réchauffement climatique, ce débat est réel et actuel. L'avoir rappelé, même au prix d'un tollé, c'est un mérite.
Maïder Dechamps . (La suite dans votre TéléMoustique)

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