Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
faut il vous l'emballer ?
faut il vous l'emballer ?
Publicité
Derniers commentaires
Archives
27 mai 2007

Elections...une "carte blanche" de Sandro Baguet

Elections & liberté d'expression ?

Le MR et le PS consacreront chacun plus de 2,3 millions d’euros à leur campagne pour les élections législatives du 10 juin ; ECOLO, le relatif petit poucet financier, étant lui à un peu moins d’un million.

Autant le dire tout de suite, pour les petites formations comme le Parti communiste ce sera moins, nettement moins. Le PTB, probablement la plus fortunée d’entre elles, annonce sur son site web un budget de 60.000 euros pour ces élections législatives — et ce pour tout le pays et non uniquement sa partie francophone. C’est donc de cent fois plus d’argent par électeur que disposent le PS ou le MR.

Ce déséquilibre financier qui maintient sous l’eau la tête des petits partis est encore aggravé par le fait que les médias de masse — et en particulier la télévision — sont, dans la partie francophone de notre pays, particulièrement peu enclins à donner un temps de parole aux candidats qui ne se présentent pas sur les listes des « 4 grands ». Contrairement en effet à ce qui se passe dans d’autres pays, les petits partis ne sont par exemple jamais invités à participer aux débats politiques. Le Wallon passant en moyenne près de 230 minutes devant sa télévision chaque jour, celle-ci est un média incontournable pour qui veut s’adresser au plus grand nombre. En témoigne la soudaine popularité de M. Daerden suite à ses pourtant peu glorieuses prestations télévisuelles.

Pour une petite formation comme celle à laquelle j’appartiens, communiquer à chaque électeur l’essentiel de son programme relève du défi. Faire simplement connaître sa présence électorale demande déjà pas mal d’énergie. Plusieurs candidats du MR et du PS ont engagé des colleurs professionnels qui recouvrent intégralement les panneaux ne laissant aucune place à leurs adversaires.

Dans ces conditions, on a beau jeu de reprocher aux petits partis leur simplisme quand, au mieux, quelques slogans surnagent. Le PC vient pourtant de réaliser un programme comportant 17 axes et plus d’une centaine de propositions [1] mais il est incapable de le faire parvenir à chaque électeur, même sous forme condensée.

Afin de contourner ce black-out médiatique, l’Internet semble à première vue constituer une solution intéressante,... qui n’est cependant pas accessible à toutes et tous. Nombre de citoyens vivant déjà dans la précarité (1 Belge sur 7 vit sous le seuil de pauvreté soit avec moins de 770 euros par mois), ils ne peuvent s’offrir l’indispensable mais coûteuse connexion à l’Internet. Par ailleurs, à l’exception de quelques portails d’information alternative — tels rezo.net en France ou mouvements.be en Belgique francophone — dont l’audience reste limitée, la plus grande partie du flux internet consacré aux élections passe par les sites des grands médias. Se reproduit dès lors sur le net la même ségrégation que dans les médias traditionnels et seuls les citoyens désireux et capables de chercher l’information alternative sur le réseau — et ils ne sont pas les plus nombreux — seront à même de découvrir que des propositions (radicalement) différentes existent.

Si le phénomène de concentration de l’intérêt médiatique n’est pas neuf, le degré très élevé de cette concentration mais aussi la dépendance de plus en plus forte de la démocratie à l’égard des médias représentent aujourd’hui une menace grave pour le pluralisme démocratique, en confortant exagérément le pouvoir des partis en place. La possibilité pour une petite formation politique d’accéder au Parlement est aujourd’hui quasiment inexistante. Il est pourtant probable que certaines d’entre elles sont porteuses d’aspirations largement partagées auxquelles les formations politiques actuelles répondent mal. C’est donc également un rejet de la chose politique, perçue comme inaccessible, qui se voit alimenté.

Il est par conséquent souhaitable que les grands médias donnent enfin une place aux petites formations et aux idées qu’elles proposent, pour autant que celles-ci soient démocratiques. Ce serait également une façon d’enrichir un débat qui a tendance — système proportionnel oblige — à tourner un peu en rond lorsque trois partis sur quatre sont occupés à gouverner ensemble tandis que le quatrième est en attente de le faire. 

Sandro Baguet - La Louvière.

[1] Voir http://www.particommuniste.be/progr....

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité