Cachan, Jamel, le blog TV de L'Espresso de Télérama : il est bien tôt pour réflechir, alors on cite :

"J'ai allumé le poste. Aux infos, sur France 2, à la fin d'un reportage sur le probable nettoyage de Cachan au Klarsfeld , j'ai vu Jamel Debbouze claquer la bise à quelques sans-papiers allongés sur des matelas dans le gymnase, en leur disant à chacun, « Salut, mon frère ».

« Avant de s'en retourner dans son 300 mètres carré de Saint-Germain-Des-Près » a dû penser très fort Albator.

Je suis sans doute naïf, mais j'ai trouvé que les bises de Jamel relevaient plus de l'impuissance que de la manip' médiatique. Voilà les mecs, je suis venu, j'ai dit que j'étais indigné, mais ça ne me suffit pas, je ne sais pas quoi faire, alors je vous embrasse, je vous touche, je suis physiquement avec vous. Un peu comme quand on tient la main de quelqu'un qui vient de perdre un proche, pour ne pas tomber soi-même du haut de son impuissance.

Pour être honnête, moi, hier soir, j'étais dans la brume, j'avais un peu bu. Je me sentais d'humeur anthracite. Une fine pellicule de whisky sur les yeux.

Dans le salon toute les lumières du salon étaient éteintes. Seul le halo bleuté de la télé éclairait la pièce. Ambiance froide. Je ne sais pas si c'était la discussion sur le suicide dans la fonction publique, l'alcool ou le bouton que j'ai actuellement sur le nez et qui me fait loucher parce que je vérifie souvent s'il est encore là, toujours est-il que, après un certain moment, j'ai eu l'impression que le salon se transformait en tunnel, vous voyez, un tunnel, oui, avec au bout, une lumière très forte.

Je me suis approché de la lumière et j'ai vu des gens qui me souriaient. Des gens que je connais un peu. Isabelle Giordanno, Jamel, Sami Nacéry, Charles Berling, ils étaient là, dans le halo, calmes, sereins, ils disaient des choses gentilles, se lançaient des compliments les uns aux autres, ils avaient l'air de flotter, joyeux, dans une ambiance ouatée, et moi, je me sentais mieux, et je crois qu'à un moment, ils m'ont demandé de venir avec eux. J'ai tendu la main.

« Bon, arrête ton délire et viens te coucher. »

C'est ma douce et tendre qui m'a ramené à la vie.

N'importe, j'ai vécu une NDE, (Near death experience), une expérience de mort imminente en face de la télé. Je ne vous cache pas que je n'en suis pas peu fier. Accessoirement, je vous confirme qu'il y a une lumière au bout du tunnel.

Je vous laisse, je vais me pendre... "

Rédigé par Nicolas Delesalle le 20 septembre 2006 , L'Espresso, Télérama